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mercredi, 07 janvier 2009

Apprenez-leur la lenteur

calligraphie-chinoise-3-thumb.jpg Le billet de Solko en date de ce jour m'inspire une réflexion trop longue pour un simple commentaire.

Le père d'un de ses élèves s'est étonné, en réunion de parents, qu'il exige encore

vous vous rendez compte, à notre époque,

des copies manuscrites, obligeant son malheureux fils à recopier avec un stylo, outil d'un autre siècle, la prose (forcément géniale) que l'ado avait confiée à son ordinateur.

Je vois venir le temps où ce genre d'exigence sera perçue comme de la maltraitance, mon cher Solko, j'espère que tu auras quitté auparavant notre bonne mère commune, l'Éducation Nationale.

 

J'ai replongé dans mes souvenirs  pour retrouver mes élèves, le stylo sagement posé à côté du classeur. Aucun n'ayant l'idée de le garder à la main pendant toute la durée du cours. L'écriture ne venait que sur injonction !

Guider un instrument d'écriture sur une feuille de papier était pour eux aussi éprouvant que de pousser un wagonnet au fond d'une mine, malheur des adolescents d'une autre époque, que j'avais l'outrecuidance de leur rappeler. Les adolescents d'aujourd'hui, comme les adultes d'ailleurs, n'aiment pas la lenteur et la calligraphie, c'est lent.

Pourtant quel apprentissage.

Mes chers Chinois la considèrent toujours comme le premier des Arts. En témoigne cette copie qui est celle d'un concours. C'est l'art de la lenteur et de la patience. Pas étonnant que les Occidentaux aient quelques difficultés à conclure avec eux des marchés. Le vite emballé, vite ficelé n'est pas dans la mentalité chinoise. Et pour leur résister il faudra certainement apprendre la lenteur.

J'ai terminé ma carrière dans un lycée technique privé, assez réputé à Lyon, où on avait gardé le culte de l'apprentissage manuel. Les élèves de la section mécanique, y apprenaient toujours à travailler à la lime, pendant des heures, même si l'examen n'exigeait que des connaissances sur machines. Ils n'avaient droit à la commande numérique que très tardivement. Il fallait d'abord avoir fait ses gammes. Apprentissage de la patience.

mardi, 06 janvier 2009

Tenir jusqu'à fin janvier (2)

Pour tenir à distance les méfaits de janvier, quoi de mieux que de voir un film déjanté, à condition d'aimer ça bien sûr. Si vous souriez le matin en écoutant Stéphane Guillon sur France-Inter, c'est pour vous.

Cet après-midi, dans le cadre du ciné-club du Comoedia, j'ai vu Louise-Michel, film qui n'est pas une biographie de l'anarchiste de la Commune, mais l'aventure loufoque de Louise, ouvrière en Picardie, et de Michel, engagé comme tueur à gages mais qui n'en n'a vraiment pas le profil.

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La première scène, sans rapport avec l'histoire, donne le ton : une crémation sur fond d'Internationale et peu protocolaire. On a compris : on rit de ce dont il est interdit de rire dans notre société aseptisée du politiquement correct.
Au début de l'histoire, Doume j'ai pensé à toi. On est dans une entreprise de femmes en Picardie, région nettement mois esthétique que l'Alsace. Après un discours volontariste du directeur-retroussons nos manches- suite auquel les ouvrières reçoivent une belle blouse brodée à leur nom, l'usine se retrouve le lendemain vidée de ses machines : situation connue.
Mais on est loin des discours, syndical ou politique, traditionnels. Loin des lamentations. On se retrouve dans une histoire drôle et surréaliste car les ouvrières décident de faire tuer le patron.
Oui mais qui est le patron ? Le malheureux directeur chargé de fermer la boîte ? Le gros actionnaire qui passe ses ordres de Bourse en suant dans sa salle de sport ? Ou les fonds de pension américaine ?
Tout ce film, qui met en scène l'absurde de nos sociétés comme l'absurde de nos vies, interroge sur les identités, toutes les identités. Qui est Louise, l'ouvrière et qui est  Michel : l'un comme l'autre n'ont pas choisi leur destin et se cachent derrière des masques.
Film drôle qui peut aussi exaspérer. Pour moi au contraire, remède souverain contre le froid et la grisaille. Si vous allez le voir, restez bien jusqu'à la fin car il y a une scène post-générique. Et un clin d'oeil à Louise Michel.
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lundi, 05 janvier 2009

Tenir jusqu'à fin janvier

Mais vous, Hiver, trop êtes plein
De neige, vent, pluie et grésil;
On vous doit bannir en exil.
Sans point flatter, je parle plain
Hiver vous n'êtes qu'un vilain !

Charles d'Orléans

Lyon était désert aujourd'hui, glacial et gris. J'ai regretté les rentrées de janvier où je faisais péter la bise aux collègues. Place carnot, toute nue. Les baraques en couleur du marché de Noël sont parties. Des sapins abandonnés sur les trottoirs. Triste mois de janvier. Et le Dakar qui ne va plus à Dakar. Impossible de se réchauffer dans les dunes de Mauritanie. Des silhouettes noires passent rapidement devant la devanture des Xanthines. Les flics de la PJ d'en face s'engouffrent dans leur voiture banalisée, grise. Même Choubine est absente. Et le régime de dégraissage qui commence aujourd'hui. Janvier trop triste et trop long

Alors pour me réchauffer

plongée en nostalgie.

Vous n'êtes pas encore débarrassés des soixanthuitards car cette année, 40 ans de...

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Les artistes présents...

379.jpg Joe Cocker et Joan Baezbaez.jpg378.jpg
* Joan Baez
* The Band
* Blood, Sweat and Tears
* Canned Heat
* Joe Cocker
* Country Joe McDonald (avec et sans son groupe: The Fish)
* Creedence Clearwater Revival
* Crosby, Stills & Nash
* Grateful Dead
* Arlo Guthrie
* Tim Hardin
* Keef Hartley
* Richie Havens
* Jimi Hendrix
* JBES
* Incredible String Band
* Jefferson Airplane



* Janis Joplin
* Melanie
* Mountain
* Paul Butterfield Blues Band
* Quill
* Santana
* John Sebastian
* Sha Na Na
* Ravi Shankar
* Sly and The Family Stone
* Bert Sommer
* Sweetwater
* Ten Years After
* Johnny Winter
* The Who
Et aujourd'hui...Les mêmes quelques décennies plus tard.
Bowerysongs.jpg
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samedi, 27 décembre 2008

Le chlorure de magnésium

Un tragique fait-divers a mis en cause récemment le chlorure de magnésium.

Pour moi, c'est un petit clignotant qui réveille des souvenirs, très nombreux. Mon père, vétérinaire rural dans un village de Haute-Savoie, soignait beaucoup au chlorure de magnésium. Je revois ma mère préparant des sachets de cette poudre blanche, correspondant à une dilution pour un litre d'eau. Les clients repartaient avec un gros sac de ces sachets destinés à leurs vaches. J'imagine aujourd'hui qu'ils croisent la route d'un douanier avec ce chargement de la précieuse poudre. En tant que vétérinaire mon père a toujours limité l'usage des médicaments et proscrivaient les antibiotiques. Pour qu'on ne les retrouve pas dans le lait, et ensuite dans le reblochon, mais aussi pour épargner le porte-monnaie de ses clients. À l'époque le paysan savoyard était très pauvre.

Il soignait donc au chlorure de magnésium, bon pour tout apparemment.

Mais il avait une autre théorie : "ce qui est bon pour les vaches l'est aussi pour les enfants".

Voilà pourquoi nous avons ingurgité des litres de chlorure de magnésium, surtout l'hiver en prévision de la grippe. Et c'est infect ! Apparemment efficace car nous étions rarement malades. D'ailleurs le médecin rentrait peu à la maison, mon père assurait les diagnostics. Un jour je me suis réveillée avec de la fièvre et les paupières enflées et dures. Impossible d'ouvrir les yeux. Mon père a décrété : "fièvre porcine", j'en soigne beaucoup en ce moment. Tu prends de l'aspirine et tu restes au lit." Car après "le chlorure" il y avait l'aspirine, les seuls remèdes ayant trouvé grâce à ses yeux.

Je défie quiconque de pouvoir dire qu'il a contracté un jour une fièvre porcine.

Ma mère, à 85 ans, continue l'hiver ses cures de magnésium qui pour elle remplace le vaccin contre la grippe. Et de fait elle n'attrape jamais de grippe.

jeudi, 25 décembre 2008

Puer natus est

De mon ami paysan et poète savoyard.

Dans la paix tiède de l'étable

Bêtes et gens se sont tus.

Le silence écoute le silence

L'obscurité tend l'oreille à la nuit.


Le temps s'est installé

Bien au chaud

Pour quelques heures sans histoires.

Le sommeil exorcise

L'attente inquiète du jour.


Les pleurs d'un nouveau-né

Viennent

Tout-à-coup

Importuner la nocturne routine.

Les choses sont ainsi faites :

C'est en pleurant

Que l'homme découvre le monde.

Le rire viendra plus tard,

Plus tard aussi

Le regard enfin rassuré et confiant.


On posera l'enfant

Sur un petit tas de paille fraîche

Et le silence

À ce moment là,

Saura ce qu'il veut dire.

 

Bernard Dominique Lacroix.

 

Et très bon Noël à tous...

mercredi, 24 décembre 2008

C'est à Lyon !

Pas très gai pour une veille de Noël mais j'ai reçu ce matin cette photo de Yves. kl loth et Frasby vous devriez vous promener plus souvent dans le second. C'est un arrondissement de l'opposition et qui fait pourtant de la défense de la famille son image de marque. En fait on se croirait dans une nouvelle de PAG...

 

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mercredi, 10 décembre 2008

La clope

à Norbert

qui fut Aliscan dans une autre vie.

C'est jeudi après-midi. Jour de congé pour les lycéennes. En terminale, on a le droit de sortir l'après-midi. Nous sommes en jupe plissée bleu-marine dans une petite ville très laide au pied des montagnes. Il pleut et c'est sans importance. En entrant dans le bar nous respirons goulûment la fumée. L'odeur nous change de celle du réfectoire. À midi il y avait de la polenta, jaune fade, fade sans beurre ni fromage. Comme tous les jeudis mais heureusement l'après-midi nous sortons en ville. Nous comptons nos sous, juste ce qu'il faut pour commander un chocolat. Puis Suzanne sort le paquet de Pall Mall. C'est la seule qui ait les moyens d'acheter des cigarettes. Le paquet bordeaux est brillant et nous le faisons circuler négligemment. Toute une semaine à attendre ça, la cigarette Pall Mall dans un bistrot miteux. Les chocolats sont à la flotte mais qu'importe. Nous tirons  sur nos cigarettes en prenant des pauses comme au cinéma. Nos cigarettes au goût de liberté. Dans la fumée d'une seule cigarette, chaque semaine, nous ne sommes plus des pensionnaires en jupe plissée mais des stars de l'écran.

Maintenant c'est pas bien de fumer mais pour mes 80 ans, promis juré je me mets au chichon.